[1] p. 13, Journal 1939-1949 ed. Pléiade.

[2] p. 20, Journal 1889-1939 ed. Pléiade.

[3] Edition sur Cd-Rom, version 3.0.

[4] On peut rappeler à cette occasion la phrase célèbre adressée par Gide à Maurice Barrès, fervent nationaliste, en 1897 : « Né à Paris, d'un père uzétien et d'une mère normande, où voulez-vous, Monsieur Barrès, que je m'enracine ? J'ai donc pris le parti de voyager. ».

[5] p. 264, Les nouvelles Nourritures, ed. Pléiade.

[6] dans l'édition NRF, Gallimard, 04/1942.

[7] dans l'édition en Livre de Poche, 1964.

[8] dans l'édition folio chez Gallimard, 08/1972.

[9] p. 104 de La Symphonie pastorale.

[10] p. 108-109.

[11] p. 90. On peut rapprocher, par opposition, cette scène à celle de la présentation officielle de Georges par sa maman à Édouard : « Le petit s'approcha, me tendit la main ; je l'embrassai... J'admire la force de dissimulation des enfants : il ne laissa paraître aucune surprise ; c'était à croire qu'il ne me reconnaissait pas. » rapporte Édouard, p. 92. Ici, la reconnaissance est refoulée.

[12] p. 156. À propos du fameux La Pérouse, on en retrouve trace dans le Journal de Gide : « Chez le vieux père La Pérouse. Sa joie de me revoir. » p. 129 ; « Chez La Pérouse. Reçu par madame que je n'avais revu depuis trois ans. » écrit-il encore en 1902, p. 131, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[13] p. 189.

[14] p. 153.

[15] p. 176.

[16] p. 77.

[17] p. 142.

[18] p. 157.

[19] p. 164.

[20] p. 149.

[21] On pourra souligner à quel point la réminiscence est un processus personnel qui se déroule dans l'intimité de l'être comme en témoigne l'écrasante pronominalité des verbes du souvenir.

[22] p. 29.

[23] p. 114.

[24] p. 61.

[25] p. 177.

[26] On peut même en trouver trace avant les grandes oeuvres comme en témoigne, entre autres, cet extrait du Journal daté de 1890 : « je lui ai dit quelques mots ; il m'a remercié d'un sourire. » écrit Gide, à propos d'un candidat au baccalauréat, p. 18, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[27] Pour illustrer cette opposition, reportons-nous à une phrase du pasteur dans La Symphonie pastorale : « Ainsi j'expérimentais sans cesse à travers elle combien le monde visuel diffère du monde des sons et à quel point toute comparaison que l'on cherche à tirer de l'un pour l'autre est boiteuse. » dit-il, p. 54.

[28] Il faut comprendre ici "admirable" au sens étymologique du terme, c'est-à-dire comme des situations où l'on "regarde vers", où le regard est orienté.

[29] p. 218-225.

[30] On pourra supposer qu'Isabelle avait aussi aperçu Gérard de son coté si l'on considère la phrase suivante : « Sans doute m'avait-elle aperçu de loin, car ma voix ne parut pas la surprendre. » (p. 172).

[31] Le seul auquel Gide voulu bien reconnaître son nom.

[32] p. 193, Les Nourritures terrestres, ed. Pléiade.

[33] Le Roi Candaule, dans l'édition NRF, Gallimard, 04/1942.

[34] Explication qu'il n'aura pourtant pas à fournir puisque l'aveuglement total de Bocage face à la véritable situation l'en dispensera.

[35] L'aspect essentiel de la situation n'aura pas échappé non plus aux éditeurs puisque l'édition, Le livre de Poche 1964, utilisée pour ce travail, reproduisait en couverture une peinture de cette "scène aux ciseaux".

[36] On peut souligner à nouveau le motif de la vision qui s'oppose à la parole (Cf. I, 2) : Michel a vu mais il n'a rien dit.

[37] Cf. en autres, La Théorie du Chaos, de J. Gleick aux éditions Flammarion. (Chapitre premier). En effet, sans la soirée de départ avec Ménalque, le fils nouveau-né de Michel et Marceline ne serait peut-être pas décédé, modifiant ainsi la courbure du déroulement du roman...

[38] On pourra méditer à ce propos sur cet extrait du Roi des Aulnes de Michel Tournier qui apporte une autre dimension à nos scènes de regard ambivalent : « 18 mai 1939. J'ai longtemps pris mes photos à la sauvette, je veux dire à l'insu de celui ou de celle que je photographiais. La méthode est fructueuse et commode. En outre, elle flatte la petite lâcheté qui me tenaille toujours un peu au moment de me livrer à un rapt d'image. Mais c'est finalement un pis-aller, et je reconnais maintenant que l'affrontement du photographié, pour effrayant qu'il paraisse, est toujours préférable. Car il est bon que la prise de vue se reflète d'une façon ou d'une autre dans le visage ou l'attitude du photographié : surprise, colère, peur, ou au contraire amusement, satisfaction vaniteuse, voire pitrerie, geste obscène ou provocateur. Il y a cent ans, lorsque l'anesthésie a fait son entrée dans les salles d'opération, certains chirurgiens se sont récriés : « La chirurgie est morte, a dit l'un d'eux. Elle reposait sur l'union dans la souffrance du patient avec le praticien. Avec l'anesthésie, elle est ravalée au niveau de la dissection de cadavre. » Il y a de cela dans la photographie. Les téléobjectifs qui permettent d'opérer de loin, sans aucun contact avec le photographié, tuent ce qu'il y a de plus émouvant dans la prise de vue : la légère souffrance qu'éprouvent, ensemble et à des pôles opposés, celui qui se sait photographié et celui qui sait qu'on sait qu'il se livre à un acte prédateur, à un détournement d'image. » p. 180-181, Ed. Gallimard, Coll. Folio.

[39] Gygès ne désire pas montrer sa femme à la cour.

[40] C'est le cas de la reine Nyssia qui n'a jamais été vue en public.

[41] Gygès est contraint malgré lui d'assister, sous le sceau de l'invisibilité, au coucher de la reine.

[42] Candaule veut montrer Nyssia à la cour afin de son bonheur en soit augmenté.

[43] Édouard écrit dans son journal : « Je commence à entrevoir ce que j'appellerais le "sujet profond" de mon livre. C'est, ce sera sans doute la rivalité du monde réel et de la représentation que nous nous en faisons. La manière dont le monde des apparences s'impose à nous et dont nous tentons d'imposer au monde extérieur notre interprétation particulière, fait le drame de notre vie. » p. 201.

[44] Cf. p. 170 : « Ménalque avait raison : le souvenir est une invention de malheur. » constate Michel.

[45] À la vue de la déclaration d'Isabelle, on ne peut s'empêcher de songer à la phrase de clôture d'une nouvelle de Borges, La forme de l'épée. Durant un long récit, le narrateur raconte son histoire infamante à la troisième personne du singulier tout en plaçant un de ses amis à la première personne ; ce n'est qu'à la toute dernière phrase que se produit l'inversion rectificative qui donne son sens à toute la nouvelle : « Je suis Vincent Moon ; maintenant méprisez-moi. » conclut le narrateur.

[46] On pourra anecdotiquement mentionner l'exploit de l'écrivain Jean-Dominique Bauby complètement paralysé qui dicta tout un livre (Le scaphandre et le papillon) en battant des paupières.

[47] On peut rappeler que Gide lui-même était parfois désemparé devant le regard d'une autre personne comme en témoigne une pagede janvier 1890 de son Journal dans laquelle il consigne sa dernière entrevue avec sa tante Briançon : « Elle me regarde avec des yeux vagues et je reste debout, ne sachant que dire. » écrit-il, p. 14, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[48] dit-il p. 346.

[49] p. 111-112.

[50] p. 155, Les Nourritures terrestres, ed. Pléiade.

[51] On soulignera qu'il n'est même pas question, dans la pièce, de l'esprit de Nyssia ; elle est une sorte de femme-objet. Faut-il y voir le trait d'une certaine misogynie ou simplement le souci de fidélité au mythe ?

[52] Éditions de la Pléiade.

[53] p. 99, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[54] p. 88, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[55] Cf. Le Traité du Narcisse, p. 3-4, ed. Pléiade.

[56] p. 103, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[57] p. 20, année 1891, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[58] p. 31, année 1892, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[59] p. 14, année 1890, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[60] p. 22, année 1891, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[61] p. 29 de son article André Gide ou la peur de décrire, Cahiers du Séminaire Espace et Littérature Ndeg.1, 1996.

[62] p. 22, année 1891, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[63] Le paysage semble résulter du regard des personnages comme si celui-ci constituait un prisme modificateur, inféodait l'environnement - et de ce fait la description qui nous en est donnée - à la subjectivité des observateurs.

[64] « A game with shifting mirors, » dans la nouvelle La mort et la boussole, du recueil Fictions.

[65] p. 18, fin novembre 1890, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[66] p. 23 de son article André Gide ou la peur de décrire, dans les Cahiers du Séminaire Espace et littérature Ndeg.1, 1996.

[67] p. 362, ed. Pléiade.

[68] p. 20, année 1891, Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[69] On ne peut s'empêcher de voir dans ce passage une sorte de littérarisation de la Lois des particules de Heisenberg. En effet, cette théorie, dite de l'indétermination, avance que les particules (ce que Gide appelle "certaines choses") n'existent que lorsque l'on cherche à les mesurer, c'est-à-dire à en connaître la position ou la trajectoire, la mesure précise de l'une de ces valeurs excluant de manière inversement proportionnelle celle de l'autre (peut-être ce que Gide souligne dans "l'une m'est venue tandis que je courrais à l'autre"). Ainsi certains philosophes et scientifiques ont pu avancer que le monde que nous percevions n'était que le résultat des incessantes mesures de nos cinq sens.

[70] p. 31, année 1892 Journal 1889-1939, ed. Pléiade.

[71] p. 153, ed. Pléiade.

[72] Scène que nous avons détaillée (Cf. II, 1), qui se trouve p. 54-55.

[73] Le Rouge et le Noir, Stendhal, Chap. 19, Livre second, p. 387, Folio, Gallimard, 08/1994.

[74] Cf. Les Faux-monnayeurs, p. 215, chapitre VII, partie 2 : « Le voyageur, parvenu au haut de la colline, s'assied et regarde avant de reprendre sa marche, à présent déclinante ; il cherche à distinguer où le conduit enfin ce chemin sinueux qu'il a pris, qui lui semble se perdre dans l'ombre et, car le soir tombe, dans la nuit. Ainsi l'auteur imprévoyant s'arrête un instant, reprend souffle, et se demande avec inquiétude où va le mener son récit. ».

[75] Cf. partie III, 2, La dualité de l'auteur.

[76] Cf. Journal 1889-1939, année 1910, p. 309-310, ed. Pléiade : « avant d'atteindre saint-Pons, où nous couchâmes cette nuit, notre hâte, plus d'une heure durant, nous écrasa la pluie sur le visage. {...] Sur ma joue glacée, ruisselante, j'eusse cru qu'il grêlait... Pourquoi je parle de cela ? -- Par crainte de décrire un paysage. » écrit-il.

[77] Dernière diffusion : Arte, 13/11/97.

[78] « La lumière du jour, vous le savez sans doute, ne pénètre pas très avant dans la mer. Ses profondeurs sont ténébreuses... abîmes immenses, que longtemps on a pu croire inhabités ; puis les dragages qu'on a tentés ont ramené de ces enfers quantité d'animaux étranges. Ces animaux étaient aveugles, pensait-on. Qu'est-il besoin du sens de la vue, dans le noir ? Évidemment, ils n'avaient point d'yeux ; ils ne pouvaient pas, ils ne devaient pas en avoir. Pourtant on les examine, et l'on constate, avec stupeur, que certains ont des yeux ; qu'ils en ont presque tous, sans compter, parfois même en sus, des antennes d'une sensibilité prodigieuse. On veut douter encore ; on s'émerveille : pourquoi des yeux, pour ne rien voir ? des yeux sensibles, mais sensibles à quoi ?... Et voici qu'on découvre enfin que chacun de ces animaux, que d'abord on voulait obscurs, émet et projette devant soi, à l'entour de soi, sa lumière. Chacun d'eux éclaire, illumine, irradie. » dit Vincent, p. 149-150, Les Faux-monnayeurs.

[79] C'est ainsi qu'il faut percevoir le dessin original et inédit de Jacques Clavreul qui orne la couverture de ce mémoire : « André Gide et son livre-miroir ».