Le Minotaure comme mise en abyme du labyrinthe


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Pour en terminer avec le questionnement philosophique du Minotaure, nous nous proposons de voir jusqu'à quel point on peut considérer que ce dernier est, à lui seul, la mise en abyme du labyrinthe tout entier, comme une sorte de reflet généralisé, comme une incarnation métonymique. Tout d'abord, la créature est une illustration de l'incarcération : "Il essaya de fuir, mais où qu'il se tournât, il était constamment face à lui-même, était emmuré en lui-même, était partout lui-même, sans fin lui-même, reflété à l'infini par le labyrinthe". En effet, le labyrinthe nous apparaît dès la première phrase comme une création intermédiaire entre la prison et la maison, entre terre d'asile et terre d'exile, entre complication et schématisation : "pour protéger les hommes de la créature et la créature des hommes". De même toute la nouvelle se passe en un point supposé ponctuel de l'édifice et c'est un labyrinthe comme vu "en coupe" que nous saisissons. Le raisonnement interne du Minotaure est suffisamment subtil pour paraître labyrinthique : "sentant cela, à la manière d'une impression qui se passerait de mots, d'une illumination sans la connaissance, non comme l'opération d'une intelligence humaine, mais comme celle d'une intelligence de minotaure, au moyen d'images et de sentiments". Le lien qui existe entre le labyrinthe et le Minotaure qui l'occupe est complexe à bien des égards. Reportons-nous à un extrait de "La Demeure d'Astérion" dans l'Aleph de Borges pour mieux l'éclairer.