Un être en recherche


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Nous devons envisager à présent cette nouvelle en tentant d'éclaircir un éventuel contenu philosophique. Il me semble que le Minotaure apparaît tout au long du texte comme un être qui se cherche et que l'on pourrait appeler une "créataure". En effet, c'est un être ambivalent que nous décrit Dürrenmatt, porteur d'une "dualité tripartite". C'est-à-dire que l'homme à tête de taureau constitue la partie duelle et que le partage entre l'animal, l'homme et le dieu apporte un troisième fragment. Etudions de plus près l'origine du Minotaure : "créature que mit au monde la fille du dieu soleil, Pasiphaé", "un être qui, offense aux dieux et fléau des hommes, était condamné à n'être ni dieu ni homme ni animal, mais minotaure, innocent et coupable à la fois", "une créature comme lui ne devait pas exister, au nom des limites tracées entre l'animal et l'homme et entre l'homme et les dieux, pour que perdure l'ordre du monde, que le monde ne devienne pas labyrinthe et ne retourne ainsi au chaos d'où il était sorti". La difficulté du Minotaure à se définir est encore accrue par la réprobation implicite des forces naturelles telles que les dieux ou l'ordre établi. La position intermédiaire entre trois catégories tente de justifier son nécessaire isolement. Le problème ne réside plus dans ce que le Minotaure est, mais dans ce qu'il n'est pas entièrement : "Tout cela aurait été supportable, mais la transition du taureau à l'homme était insoutenable", comme est lieu dont l'achèvement est l'accès à une organisation composite, c'est-à-dire un labyrinthe.