Les Eléments
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Voyons maintenant les éléments, selon la classification qu'en a fait Bachelard, c'est-à-dire la terre, l'air, le feu et l'eau.
- Terre : elle est absente en tant qu'élément mais sous-jacente à plusieurs reprises
quant à l'idée de chute, de retour au sol, d'abaissement qu'elle comporte. Ainsi,
au moment d'apercevoir la jeune fille, le Minotaure "s'accroupit". Après le meurtre
de cette jeune fille, son corps reste attaché au sol ("le corps blanc et nu de la jeune
fille aux yeux noirs resta étendu"). On retrouve ce motif au moment de la blessure
du Minotaure, lorsqu'il tombe prostré mais pas véritablement blessé : le "minotaure
ramassé sur lui-même". Le sommeil du Minotaure après sa charge le ramène aussi vers
la terre : "il s'effondra; et gisant sur le sol roulé sur lui-même". Enfin, le moment
ultime au cours duquel il aurait dû reprendre violemment contact avec le sol lui
est épargné puisqu'il meurt avant : "le minotaure était déjà mort lorsqu'il tomba".
- Air : c'est l'élément le moins important, il me semble. On ne retrouve véritablement
qu'une seule occurrence du motif, celle de la jeune fille que le Minotaure emporte en "la
projetant dans les airs".
- Feu : cet élément est principalement incarné par le soleil (dieu) qui dispense des
"traits de feu", des "gerbes de feu". Il trouve une perpétuelle opposition dans le
manque de chaleur des "parois froides", qui reviennent souvent.
- Eau : elle n'est pas présente en tant que telle, tout nous donne d'ailleurs à penser
que le climat du labyrinthe est plutôt aride et désertique : considérons l'espèce
des oiseaux par exemple. Pourtant, l'élément liquide se rencontre au travers de l'humain et de l'animal, dans la bave ("une barbe filandreuse poissée de bave"), la sueur
("la chair chaude baignée de sueur"), le sang ("les cornes maculées de sang"), l'écume
("de l'écume jaillit de sa gueule").