Les Objets
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Examinons à présent les différents objets qu'utilise la nouvelle dans sa vision du
mythe. Il y en a peu et cela participe, de la part de Dürrenmatt, d'une volonté d'épuration
du texte. Distinguons cependant l'épée du jeune homme, le manteau du jeune homme, le fil rouge d'Ariane, le poignard de Thésée dans son étui de peau, le déguisement
de Thésée. Notons cependant que la vision du Minotaure le pousse à considérer jusqu'aux
personnages comme des objets, voire des jouets comme nous l'avons précisé plus haut.
Les personnages eux-même sont nus, à l'exception de Thésée, ce qui pousse la vision
du mythe vers son essence, d'une manière schématique mais non réductrice.
- l'épée du jeune homme : elle a été trouvée dans le labyrinthe contrairement à celle
de Thésée, ce qui nous pousse à établir même inconsciemment un rapprochement "d'éloignement" entre
eux-deux.
- le manteau déchiré : il relève de la même volonté de comparaison et s'oppose directement
au "déguisement" plus sophistiqué de Thésée. Ce manteau contribue moins à vêtir le
personnage qu'à mimer la cape du toréador lors de sa confrontation avec le Minotaure.
- le fil d'Ariane : il devient rouge par la volonté de Dürrenmatt et suggère
ainsi sa similitude avec une "trace de sang". Thésée incarne par ce biais, celui qui
est guidé, par le sang. On a parlé plus haut du retournement de son extrémité mobile
vers la sortie et non plus vers le centre du labyrinthe.
- le poignard et son étui de peau : selon le mythe, il lui a été offert par Ariane.
On peut avancer l'hypothèse qu'il constitue à lui seul un petit minotaure, à la fois humain par
son savoir-faire et sa lame, et en même temps animal par le matériau de son étui.
- le déguisement de Thésée : "le masque de taureau" s'oppose par sa perfection réaliste
au manteau déchiré du jeune homme. C'est l'accessoire qui permettra de tromper le
Minotaure, de le tuer et de consommer une sorte d'infamie toute humaine.