Détournement du mythe
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Considérons maintenant l'esthétique du miroir en liaison avec le mythe : Dürrenmatt
ne procède t-il pas à une inversion du mythe, comme une réflexion au sens visuel
du terme. Nous avons pu juger de l'innovation qu'il apporte en rendant transparentes
les antiques parois de pierre du labyrinthe. On peut citer, et ce sera, une fois encore,
le sujet de plus amples développements plus avant, le cas du personnage d'Ariane.
Malgré le maigre rôle que lui alloue l'auteur, elle se fait tout de même le moteur
de quelques changements du mythe. En effet, elle va entrer et parcourir la totalité du chemin
qui sépare l'entrée du labyrinthe de la position du Minotaure pour accrocher son
fil rouge aux cornes de son demi-frère. Voilà donc l'héroïne, que l'on rencontre
d'habitude décrite à l'entrée du dédale alors qu'elle attend Thésée, qui dans une témérité
candide, triomphe des méandres labyrinthiques tellement craints par Thésée. C'est l'occasion
de souligner le renversement de la légende : toute possibilité d'erreur est enlevée
à Thésée puisque le fil l'amènera droit au monstre. L'extrémité mobile du fil est
rejetée en dehors du labyrinthe et peut-être même directement supprimée puisqu'Ariane
a lié les deux espaces-clé de l'édifice : son entrée et l'emplacement du Minotaure.