Création d'un "mythe du labyrinthe"
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Le glissement d'une esthétique du miroir vers une véritable philosophie des reflets
peut se concevoir comme un élargissement intéressant et même très instructif si l'on
veut étudier cette nouvelle. Plus précisément, je voudrais montrer qu'il s'établit
lors de la confrontation du Minotaure et du jeune homme à l'épée, la mise en oeuvre d'une
véritable représentation du "mythe de la caverne" de Platon. Référons nous à ce passage
:"Tous deux s'agitaient comme des ombres devant les parois éclatantes de la lumière du soleil, le minotaure dansant et bondissant qui frappait dans ses mains et frappait
le sol au rythme rapide de son pied, et son partenaire, qui agitait son morceau de
tissu, avançait, se dérobait, l'épée toujours pointée en avant, qu'il avait prise
dans le labyrinthe, dissimulée sous son manteau, pour tuer le minotaure". L'auteur participe
à la création d'un "mythe du labyrinthe" qui avoisine le "mythe de la caverne". On
peut donc mettre en parallèle les deux espaces que sont le labyrinthe et la caverne imaginée par Socrate : tous les deux confinent ceux qui les peuplent à un aveuglement
de la perception et à une méconnaissance - du même ordre que le regard au travers
des parois-miroirs - du monde. Reportons-nous un peu plus loin dans la nouvelle :
"Les minotaures seuls avaient le droit d'être dans le labyrinthe, dans un monde hors duquel
n'existait pour lui pas d'autre monde". Nous approfondirons un peu plus avant l'idée
d'un minotaure en questionnement, confronté à l'expérience d'un apprentissage empirique de son univers.